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Maurice Kouakou Bandaman à l’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique : Une trajectoire féconde et inspirante

Rédigé par leral.net le Lundi 4 Mars 2024 à 17:42 | | 0 commentaire(s)|

L’écrivain Maurice Kouakou Bandaman intègre l’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas (Ascad), la société savante indépendante ivoirienne. Cette nouvelle distinction souligne une trajectoire féconde et inspirante pour la littérature francophone.  Par E. Massiga FAYE  Honneur et reconnaissance. L’écrivain Maurice Kouakou Bandaman intègre l’Académie des Sciences, des arts, des cultures d’Afrique […]

L’écrivain Maurice Kouakou Bandaman intègre l’Académie des Sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas (Ascad), la société savante indépendante ivoirienne. Cette nouvelle distinction souligne une trajectoire féconde et inspirante pour la littérature francophone. 

Par E. Massiga FAYE 

Honneur et reconnaissance. L’écrivain Maurice Kouakou Bandaman intègre l’Académie des Sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas (Ascad), la société savante indépendante ivoirienne. L’ancien Ministre de la Culture et actuel Ambassadeur de Côte d’Ivoire à Paris occupera le siège laissé vacant avec la disparition en 2019 de Bernard Binlin Dadié, dans le domaine des Lettres et sciences humaines de la prestigieuse institution ivoirienne, créée le 1er septembre 2003. Plus qu’une distinction, c’est la reconnaissance de l’aura et du rayonnement de la production littéraire et des qualités humaines d’un homme », s’est réjoui dans un texte Adama Coulibaly, Professeur titulaire de littérature francophone (Cames).

Au regard du Directeur de l’Ufr-Langues littératures et civilisations (Llc), Université Félix Houphouët Boigny, « le parcours de Maurice Bandaman, écrivain aux talents reconnus, mérite largement d’être rappelé, au moment où il fait son entrée dans “la demeure des Immortels“ ».  Encore étudiant, rappelle A. Coulibaly, Maurice Bandaman se fait connaître en 1986 en remportant le prix de la nouvelle du Cnou-Ceda avec son recueil « Une femme pour une médaille ». Depuis, cette date, « depuis bientôt quarante ans donc, il n’a cessé d’écrire », souligne l’universitaire. Il poursuit son analyse : « S’il est vrai qu’“écrire est un verbe intransitif “(Barthes), sa production, riche d’une douzaine de textes, touche des genres aussi divers que le roman, la nouvelle, l’essai, le théâtre et la poésie ». Polygraphique, relève Adama Coulibaly, « son œuvre manifeste une pluralité thématique, esthétique, linguistique qui participe du renouvellement de la littérature africaine francophone ». Par exemple, « la poétique de son écriture romanesque puissante, souvent rangée dans l’inter-genre du conte romanesque, rapproche la tonalité des textes “Le fils de-la-femme-mâle“ (1993) ou même “L’Etat Z’héros“ ou “La guerre des gaous“ (2016) des maîtres comme Ahmadou Kourouma, Sony Labou Tansi ou même d’un Henri Lopes… ».

UNE ÉCRITURE DE LA RUPTURE 

Dans sa réflexion, le Directeur de l’Ufr-Llc, Université Félix Houphouët Boigny passe en revue d’autres composants du corpus littéraire de M. K. Bandaman. « Témoin de nos sociétés en évolution, de leur convulsion mais aussi de leur quête de justice et de bien-être, l’actualité thématique de ses textes produit une écriture de la rupture, du malaise postcolonial contre lesquels il hisse les possibles narratifs et les appels de l’imaginaire nourri par les genres anciens : conte, légende, mythes… », écrit Adama Coulibaly. Il renchérit : « L’un des aspects est la prédilection pour le style romanesque lié aux procédés narratifs et formels des genres oraux, visibles notamment dans “Le fils de-la-femme-mâle“ et “L’Etat Z’héros“ ou “La guerre des gaous“ ». Selon Coulibaly, l’exploration de cette veine fait de Maurice Bandaman « un des écrivains importants de la scène littéraire africaine francophone actuelle ». Le Professeur de littérature souligne : « Le Grand prix littéraire d’Afrique noire qu’il obtient en 1993 avec “Le fils de-la-femme-mâle“ auréole cette carrière littéraire dense, complexe, à la fois, postcolonial et postmoderne, qui exploite la refonte de l’imaginaire littéraire africain ». Une trajectoire féconde et inspirante pour la littérature francophone.

——-MAURICE BANDAMAN ET BERNARD DADIÉ

Similitudes entre deux éminents hommes de lettres 

Ils appartiennent à des générations différentes. N’empêche, Bernard Dadié et Maurice Bandaman ont des parcours qui se ressemblent. « Ils ont en commun de s’être révélés au monde littéraire presque de façon précoce », remarque le Professeur de littérature, Adama Coulibaly. Le Directeur de l’Ufr-Llc, Université Félix Houphouët Boigny, remonte le temps : « Dadié a ainsi la vingtaine quand il débute sa carrière d’écrivain en 1936 avec « Assémien Déhylé, roi du Sanwi », une pièce de théâtre baptisée chronique agni. Cette pièce, à l’image de toutes celles représentées à William-Ponty au même moment, est la preuve du succès de la politique de dépersonnalisation des élèves… ». Bandaman a lui vingt-quatre ans lorsqu’il écrit « Le sang de la République », un recueil de nouvelles pleines d’émotion, de sensibilités et de cruauté qui, selon la quatrième de couverture, « laissent à la fois la parole aux souffrances muettes et aux cris étouffés, et montrent les espoirs qui chantent ». Ils se voient décerner, par l’Association des écrivains de langue française, tour à tour, le Grand prix littéraire d’Afrique noire qui récompense des écrivains qui, à travers le monde, s’expriment en français : Bernard Dadié avec « Patron de New York » (1965) et Maurice Bandaman avec « Le fils de-la-femme-mâle » (1993).

Au regard de A. Coulibaly, le sujet de la migration aussi lie Maurice Bandaman et Bernard Dadié. « Entre récits de voyage d’un nègre qui a visité les trois villes les plus prestigieuses du monde aux yeux des Africains (Paris, New York, Rome) qu’on découvre dans “Un nègre à Paris“, “Patron de New York, La ville où nul ne meurt“ de Dadié, et récit de l’émigration à l’œuvre dans “Le paradis français“ de Bandaman, c’est à la fois la démystification de l’Europe et de l’Amérique perçues à tort comme l’eldorado, et la critique de l’Afrique qui n’offre pas d’alternative crédible à sa jeunesse ». Les démarches, quoique différentes dans l’espace et dans le temps chez Dadié et Bandaman, observe Coulibaly, ont cependant ce point de rencontre dans la ferme volonté d’exposer les contours d’une réalité (la migration) qui est « incontestablement » un motif fictionnel de la rencontre de l’autre et de l’interrogation du monde. E.M. FAYE

 

 



Source : https://lesoleil.sn/maurice-kouakou-bandaman-a-lac...